Un peu d’explication
Dès le départ, Marc Cherry avait une idée bien précise de l’aspect qu’il souhaitait donner au générique de sa série : la séquence d’ouverture devait représenter des femmes désespérées à travers différentes époques, en utilisant des œuvres picturales plus ou moins célèbres.
A partir de cette idée, les artistes de la société yY+Co ont conçu un générique, dans lequel les images s’enchaînent comme dans un livre animé.
Essayons de décrypter cette fameuse introduction pleine d’un humour parfois caustique :
La première image du générique est inspirée d’un tableau de Lucas Cranach l’Ancien, un peintre du XVème siècle, représentant Adam et Eve dans le jardin d’Eden.
Comme dans la toile du peintre de la renaissance allemande, le générique nous montre, Eve, une pomme à la main, proposant le fruit interdit à Adam hésitant.
Dans la version biblique, c’est Adam qui mord dans le fruit détendu, symbole du pêché.
Mais le générique nous montre une toute autre version, puisque c’est Eve qui croque dans la pomme alors qu’Adam se fait écraser par un fruit géant. La femme est donc la tentatrice et l’homme la victime de son pêché.
Et comme, les images suivantes vont nous le montrer, l’homme va lui faire payer cette humiliation !
La suite du générique nous plonge dans l’univers de l’antiquité égyptienne.
Néfertari, reine et épouse du pharaon Ramsès II, est ici représentée entourée d’une multitude d’enfants tellement envahissants qu’ils finissent par la faire tomber.
Dans la réalité, Néfertari donna naissance à dix enfants pour son pharaon de mari, ce qui nous renvoie à la situation de Lynette, submergée par l’éducation de ses quatre bambins.
La vengeance des hommes a commencé !
Le sujet de cette toile est le mariage d’un riche marchand italien avec une jeune femme issue d’un rang inférieur.
La femme a l’air soumise et dévouée, prête à se plier au moindre souhait de son époux.
A l’arrière-plan, on remarque qu’un petit balai est accroché au montant du meuble. Notre femme est donc promise à une désespérante vie de ménagère !
Un détail repris dans le générique puisque la femme s’en sert pour nettoyer la peau de banane que jette négligemment son mari.
Deuxième arme de vengeance : les corvées ménagères !
La banane balayée est liée à la pochette de disque réalisée par Andy Warhol pour le Velvet undergrount and Nico
La suite nous renvoie à « American Gothic »(1930) célèbre tableau du peintre américain Grant Wood.
Hommage aux fermiers protestant du Middle West américain, cette toile nous présente un couple relativement peu accueillant.
Mais ce barrage peut tout aussi bien être dressé entre sa femme et d’éventuels séducteurs, preuve que celle-ci reste toujours enfermée dans une attitude de soumission.
Mais dans le générique de la série, c’est le mari qui est séduit par une pin-up peinte par Gil Elvgren.
Sa femme, plus âgée et évidemment bien moins attirante, se fait alors mettre dans une boîte de sardines…
… Boîte qui se retrouve dans les bras très chargés d’une autre ménagère.
Cette publicité était censée inciter les jeunes femmes à rationner leurs aliments pour éviter toute pénurie alors que la guerre faisait rage. « Je suis fière de combattre la famine «affirme la jeune femme !
Mais dans le générique, la femme qui croule sous le poids de ses provisions les laisse finalement tomber. Une boîte de Campbell’s Tomato Soup, peinte par Andy Warhol, atterrit alors dans une nouvelle illustration…
Les mœurs ne sont désormais plus les mêmes, et dans cette combinaison de deux œuvres de l’artiste Robert Dale, la femme est maintenant à bout. Après avoir vécu des siècles d’humiliation, après avoir vécu passivement sous le joug masculin, la voilà qui se révolte.
Elle craque, tout comme nos héroïnes dans la série !
Cependant, on note qu’elles ne mordent pas dedans ! Jusqu’à quand pourront-elles tenir?
Conclusion
L’idée est ingénieuse d’emprunter au passé les représentations de la femme dans la société. Le générique de Desperate Housewives propose ainsi, une réflexion sur la place de la femme dans la société.D’abord écrasée par les tâches ménagères (courses, ménage, les enfants) puis trompée, la femme se rebelle.
Cette satire féministe se déroule de façon bien moins artistique et originale que l’annonce puisqu’elle se centre sur les rapports de couples d’un quartier.
Ce document peut servir d’amorce en histoire des arts pour être complété par des questions autour du recyclage, du plagiat, du pastiche et de ce qui fait art.
Le statut des images sera aussi à discuter et pourra déboucher vers une création personnelle…
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